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Tour de Suisse: Nelly Haliti

Nelly Haliti (née à Martigny en 1987) explore la dissociation entre un espace réel et un espace inaccessible. Elle nous entraine à vouloir quitter un état de cloisonnement étant à la fois un espace mental et physique. L’impossibilité d’accéder à cet intervalle impénétrable génère une forme de frustration. Son profond désir de créer un environnement second plonge le spectateur dans un confinement, une pensée intérieure. «Je ne cherche pas à guider le spectateur, mais à l’introduire dans un espace autre qui est aussi un espace entier.» Ce travail de renversement dans un lieu inatteignable, Nelly Haliti l’exposera lors des Swiss Art Awards 2018.

UN CHANT D’AMOUR, installation mix media, 2018, photo: ©NellyHaliti

Nelly Haliti est diplômée de la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève (HEAD) en Bachelor de peinture/dessin ainsi qu’en Work.Master sur les pratiques contemporaines. Lors de ses études, elle s’écarte de normes strictes, et expérimente différents médiums. Néanmoins, la peinture à l’huile forme l’axe central de sa pratique hétéroclite. Grâce à cette technique, elle multiplie le motif du citron pour passer son travail de diplôme. En 2013, elle commence à travailler avec le film 16mm, qui, depuis, dialogue avec ses installations sculpturales.

A Bâle, Nelly Haliti présentera l’installation UN CHANT D‘AMOUR – un espace refoulé, un lieu de basculement. Une aire inaccessible est façonnée par une séparation de verre et de métal scindant l’espace en deux plans. Cet élément hybride entre sculpture et architecture à l’image d’une barrière de deux mètres de haut efface la vision du spectateur. Le verre opaque s’oppose au passage tout en tolérant la lumière transperçant le premier plan. Un désir inaccessible naît de ce deuxième plan dont le spectateur n’a pas l’accès. Une impossibilité de dialoguer avec l’autre et le soi-même. Le fantasme d’accéder à une dimension d’échappatoire, à «un chant d’amour dont les paroles ont été oubliées» est confiné derrière le mur de verre. Par UN CHANT D’AMOUR, un environnement impénétrable est façonné introduisant le spectateur à une pensée intérieure – un espace autre, situé dans un nouveau plan.

Ses propositions architecturales qui altèrent, renversent et dérangent notre idée de l’espace social s’engagent dans un dialogue réciproque entre intérieur et extérieur jusqu’au point d’activation du lieu d’exposition. Une introspection à travers l’imperceptible et le réfléchissement qui complexifie le rapport entre le spectateur et le sujet regardé.

L’installation présentée à Bâle trouble à la fois le regard et plonge le spectateur dans une nouvelle zone inaccessible. C’est l’image de deux mondes, de deux plans séparés : un espace réel matériel et un espace fictif où s’opère un basculement dans une forme d’inconscient.

 

Texte : Elisa Vetterli

Publié dans le cadre du cours Tour de Suisse. L’art et ses institutions en Suisse, une collaboration entre l’Institut d’histoire de l’art de l’Université de Zurich, le Domaine d’Histoire de l’art de l’Université de Fribourg et l’Office fédéral de la culture, avec le soutien de la Fondation Boner pour l’art et la culture.

Artikel auf Swiss Art Awards Journal

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